La pauvreté survivra à Noël. À moins que notre conscience collective se mette en alerte 365 jours par an, selon un calendrier de l’avent et de l’après.
La pauvreté survivra à Noël. À moins que notre conscience collective se mette en alerte 365 jours par an, selon un calendrier de l’avent et de l’après.
L’atmosphère carillonnante des fêtes est un ballon d’oxygène pour tous. L’humeur est au vivre ensemble, au partage et à la bienveillance. Dans un élan solidaire, nos actions réconfortent les cœurs des plus démunis. “Oui, nous avons été sages !”, répondons-nous sincèrement au Père Noël.
Mais dès les douze coups de minuit, notre bonne volonté laisse place à la routine qui reprend ses droits. Les semaines s’enchaînent et nos regards s’habituent à nouveau à la détresse humaine, à la pauvreté.
La Fondation Joseph Lagesse (FJL) ne fait plus de cadeaux pour les fêtes. Du moins, plus de ceux qui emballent pour un jour. La pauvreté ne se mesure pas que matériellement, elle est multidimensionnelle. Et notre société, consciemment ou inconsciemment, la catalyse par le rejet.
Trop souvent nos institutions et services administratifs rendent une vie normale impossible pour les communautés vulnérables. Nous mettons en place – ou acceptons passivement – des politiques qui excluent et isolent à divers niveaux : éducation, logement, santé, travail, culture… Nos réflexions sont stigmatisantes : s’ils voulaient vraiment s’en sortir, il suffirait de ne pas abandonner l’école (qui ne parle pas leur langue maternelle), de trouver de l’emploi (dans des entreprises qui se méfient) et d’arrêter de boire (en consultant un professionnel).
La pauvreté est le symptôme de cette exclusion sociale qui s’est immiscée dans nos regards, et non la cause. Nous attendons de ces personnes qu’elles s’intègrent à une société pensée pour les autres. Un engrenage infernal s’esquisse.