Article publié dans le magazine du Groupe IBL, together n°6.

Nous sommes à l’aube de cette révolution par laquelle la technologie vient émuler la pensée humaine. Plus encore qu’à la révolution industrielle, l’homme se pose des questions sur sa place et ses compétences. Alors, l’intelligence artificielle (IA) est-elle notre remplaçante ou une précieuse assistante accessible à tous ?

Pour répondre à cette question, il faut d’abord se demander : qu’est-ce que l’IA ? Il s’agit d’un ensemble de théories et de techniques déployées à travers des systèmes ou des machines pour simuler l’intelligence humaine. Plutôt bénin, si l’on part du principe que l’imitation est la plus sincère forme de flatterie, non ? Tout dépend de son ampleur. En effet, certains systèmes se révèlent plus révolutionnaires que d’autres.

Depuis le lancement de ChatGPT en 2022, l’IA défraie la chronique… Car elle ose s’attaquer à un domaine exclusivement humain : la création ! Un récent article de Forbes a posé cette question de façon assez alarmante. “Je n’ai jamais sollicité de meilleur rédacteur que ChatGPT”, s’intitule l’article qui remet justement en question la place de l’humain dans la création de contenu. Alors qu’il laisse la parole à plusieurs entrepreneurs, deux critères se dégagent de cette technologie : son accessibilité et sa facilité d’utilisation.

Julien Guillot-Sestier, spécialiste en communication et formateur ChatGPT, découvre l’application par providence. Pour relancer sa newsletter, Turn Off The News, qui procure un condensé de l’actualité, il fait appel à ce système d’IA. De 8 heures de travail quotidien, la préparation de la newsletter est réduite à 1 h 30. “Depuis, j’utilise ChatGPT quotidiennement pour toutes sortes de choses : des accroches pour les réseaux sociaux à la rédaction d’emails, le champ des possibles est véritablement impressionnant. De là est aussi partie l’idée de créer une formation pour sensibiliser les gens à l’importance de cette technologie révolutionnaire et disruptive, partage le formateur de ces systèmes considérés par beaucoup comme les meilleurs assistants du monde. Ces IA dites génératives viennent ainsi faciliter des tâches telles que la recherche, la synthèse ou la réécriture où notre valeur ajoutée en tant qu’humain est minime. Ceci nous permet donc de nous focaliser sur des tâches plus stratégiques”, précise-t-il. Une véritable aubaine pour notre productivité qui aide à élever la qualité du contenu si elle est utilisée correctement.

Et la place de l’humain, dans cette équation ? “Je peux demander à une IA de m’écrire une accroche pour les réseaux sociaux ou bien de me résoudre un problème mathématique complexe, mais si je n’ai aucune expertise dans ces domaines, je ne peux ni le briefer correctement, ni juger de la qualité du résultat”, répond Julien Guillot-Sestier. L’IA s’illustre donc comme un outil exceptionnel qui permet au professionnel de se différencier et de développer ses compétences humaines uniques telles que la créativité, ou la pensée critique.

Bien que les technologies de création de contenu occupent le devant de la scène, elles ne forment qu’une partie des systèmes d’IA. D’autres outils, plus communs, révolutionnent également notre quotidien et permettent de mieux gérer notre temps. Hubert Gaspard, Group Chief Human Capital Officer d’IBL, prend l’exemple de Microsoft Outlook. “De nouvelles fonctionnalités promeuvent un équilibre entre productivité et bienêtre. Il y a, d’une part, une fonction time sheet, qui analyse le temps passé avec les interlocuteurs, ce qui permet d’analyser notre gestion du temps et de l’ajuster en conséquence. D’autre part, le calendrier rappelle désormais de prendre du temps pour soi lorsque notre agenda est trop rempli. Le système va même jusqu’à nous suggérer les créneaux libres et les réserver. C’est un réflexe que beaucoup d’entre nous avons perdu, et l’IA vient anticiper et pallier ce besoin”, explique-t-il.

Sa formation de psychologue du travail donne à Hubert une approche particulière face à l’IA dans le domaine des Ressources Humaines. En effet, certains systèmes d’IA sont capables d’analyser les traits de personnalité d’une personne pendant une interview. “Mais il serait dangereux de laisser entièrement le choix à cette technologie, car l’humain possède toujours l’atout additionnel du discernement et de l’intelligence émotionnelle. En effet, notre émotivité en tant qu’humain nous permet de ressentir les choses et prendre des décisions en conséquence, et l’IA n’a pas la capacité de modéliser cette qualité essentiellement humaine. Cet élément distinctif qui sépare le monde numérique du monde humain nous rend, à ce jour, irremplaçables”, insiste-t-il.

“Même si ce n’est clairement pas le cas présent, les IA seront peut-être capables de nous surpasser dans nos tâches du quotidien dans quelques années. Alors, c’est simple. Nos métiers évolueront. Selon une étude publiée par Dell et l’Institut pour le futur, 85 % des emplois de 2030 n’existent pas encore”, prédit Julien Guillot-Sestier sur une note optimiste.

D’autre part, dans un tel monde, choisir le human-made sera un atout différenciant de plus. Ainsi, écrivains, illustrateurs et graphistes seront au contenu ce que le céramiste est à l’artisanat – ces services, plus rares, seront appelés à être plus qualitatifs et personnalisés.

Du point de vue des entreprises, confier ces tâches aux humains – soient-ils assistants, artistes ou techniciens – fera alors partie d’une philosophie et de la responsabilité éthique d’une entreprise plutôt qu’un devoir. Il est donc difficile de débattre de l’avenir de ces technologies qui visent à nous rendre la vie plus facile. Comme suggère Julien GuillotSestier : “Voudriez-vous être la seule personne à passer un examen de mathématiques sans calculatrice ?”. Très peu pour nous !

Il faut donc apprendre à tirer le meilleur parti de l’IA. Pour l’heure, nous vous assurons que cet article a été écrit par un humain.

L’image de cet article a été générée par Midjourney avec les mots-clés : collaboration between man & technology, soft morning light, nature, realistic, colourful, human with mechanical neck, minimalist